De nouvelle références pour les carences minérales de l’asperge
L’évolution génétique, l’apparition de nouvelles variétés et l’optimisation des techniques culturales de ces dix dernières années, posent la question de l’actualité des références établies en matière d’alimentation minérale de l’asperge par Morse en 1916; Born en 1979, Follett en 1984, Benson et Paulsen en 1990 , Hartmann et Warman en 1991, puis Bergman en 1993.
De nouvelles références pour quatre éléments
Aujourd’hui, les derniers travaux du Dr C. Feller et d’A. Müller du Leibniz Institute of Vegetable and Ornamental Crops, à Großbeeren en Allemagne, complètent et corrigent les travaux réalisés 12 ans plus tôt. Ces travaux ont été réalisés pendant deux années consécutives (2013 et 2014) selon une méthodologie permettant d’induire des carences et d’en évaluer les impacts. (voir encadré 1)
Aux vues des résultats (voir taleau 1), les références établies par Bergmann en 1993 restent d’actualité. Pour le Magnésium, elles sont comprises entre 0.15 à 0.30 %. Pour le Soufre elles sont supérieures à 30 ppm et pour le Zinc entre 20 à 60 ppm. En revanche, les références analytiques établies par Bergmann en 1993 doivent être augmentées. Pour le Calcium, elles passent de 0.40 % à plus de 0.80 %, le Potassium de 1.5 à 2.5 %. Pour le Bore, la référence de 50 ppm augment à plus de 150 ppm et celle du Manganèse de 75 à plus de 100 ppm. Ces valeurs établissent ainsi de nouvelles références pour ces quatre éléments.
Un véritable impact sur le potentiel productif
Au-delà des conséquences sur la fonction chlorophyllienne (perte de surface foliaire), les résultats de cette recherche mettent en évidence la perte de masse racinaire, organe majeur de stockage des réserves glucidiques (voir ci-contre). Hormis la carence en manganèse, toutes les autres carences ont un impact majeur sur la réduction du volume et du poids des racines. Dans l’ordre, la carence Magnésienne (Mg) et Soufrée (S) sont les plus significatives avec une perte de masse racinaire de 60 et 57%. Viennent ensuite le Potassium (K), le Zinc (Zn) et le Bore (B), avec respectivement 40%, 32% et 21% de perte. Elle n’a pas été mesuré pour le Calcium (Ca), mais reste visuellement significative. Bien souvent les symptômes de carence se confondent avec d’autres symptômes. Ils n’ont pas les mêmes origines et nécessitent un examen approfondi. Les causes peuvent être nombreuses : maladies, insectes, sècheresse, gel, phytotoxicité d’engrais foliaires ou d’herbicides. Aussi, les carences peuvent s’extérioriser de différentes manières : chloroses, nécroses partielles ou totales, couleurs des cladodes et des fleurs, déformations et nanismes plus ou moins importants. Pour un diagnostic certain, une analyse foliaire, complétée d’une analyse de sol est nécessaire. Le tableau des résultats « Analyse des rameaux et des cladodes », peut d’ores et déjà servir de référentiel.
Méthodologie des travaux du Dr C. Feller et d’A. Müller
Les asperges ont été cultivées pendant deux années consécutives (2013 et 2014). La 1ère année, les plants ont été cultivés en pots de 3l, remplis de terre. L’année suivante, ils ont été transplantés dans des pots de 12 litres, remplis de matière neutre (sable de quartz lavé). A compter de ce moment, les plants ont été fertilisés toutes les semaines à l’aide d’une solution nutritive contenant tous les éléments nutritifs essentiels, sauf celui qui entraînera la carence. Ils ont été comparés à un témoin normalement fertilisé. Les éléments manquants étaient soit le potassium (K), le magnésium (Mg), le soufre (S), le bore (B), le manganèse (Mn) ou le zinc (Zn). Les mesures ont été réalisées sur 3 variétés fréquemment cultivées en Allemagne (Gijnlim, Rapsody et Cumulus). En 2014, deux modalités supplémentaires induisant une carence en phosphore (P) et en calcium (Ca) ont été ajoutés sur la variété « Cumulus ». Ces deux éléments n’ont été examinés que visuellement. Pendant la culture 2014, tous les symptômes visibles de carence ont été enregistrées et photographiés. Fin 2014, les plantes ont été récoltées, puis analysées. Ces analyses ont été faites sur les cladodes, les rameaux et des racines. Elles ont été complétées par la mesure en degré Brix des racines (fin 2014).
Tab 1 Analyse des rameaux et des cladodes
Résultats en % ou ppm sur Matière Sèche | % Calcium | % Magnésium | % Potassium | % Soufre | Bore (ppm) | Manganèse (ppm) | Zinc (ppm) |
Valeur du TEMOIN | 0.87 | 0.20 | 2.78 | 0.39 | 163 | 81 | 21 |
Sans Mg | 0.62 | 0.05 | 2.92 | 0.31 | 140 | 72 | 27 |
Sans Mn | 0.82 | 0.19 | 2.45 | 0.36 | 163 | 62 | 20 |
Sans K | 1.51 | 0.42 | 0.42 | 0.34 | 203 | 140 | 31 |
Sans Zn | 0.91 | 0.21 | 2.72 | 0.41 | 170 | 77 | 18 |
Sans B | 0.82 | 0.20 | 2.68 | 0.41 | 31 | 83 | 22 |
Sans S | 1.02 | 0.26 | 2.69 | 0.20 | 217 | 120 | 25 |
Ref. Bergmann 1993 | 0.40 à 0.80 | 0.15 à 0.30 | 1.5 à 2.4 | > 0.30 | 40 à 100 | 25 à 100 | 20 à 60 |
ABSTRACT
In a context of genetic evolution of asparagus varieties and optimization of cultivation techniques, research work on the identification of asparagus deficiencies resumed in Germany in 2013 and 2014. This work confirms the references established by Bergmann for Magnesium, Sulfur and Zinc. They modify upwards (up to triple), the reference values of Calcium, Potassium, Boron and Manganese. In addition, they highlight the diversity of deficiency symptoms and the risk of confusion with other causes. Also and as a major fact, they demonstrate the impact of severe deficiencies on the reduction of root mass (except manganese).